Auteur : Sébastien Di Silvestro
«Comment parler de la recherche ? et surtout, comment parler de la recherche
en sciences humaines ? Le grand public est rendu sensible à peu près à
certains acquis de la physique ou de la chimie lorsqu’il entend commenter
leurs applications concrètes. C’est tellement vrai qu’il s’agit là du moyen
généralement trouvé par les états de déjouer les inquiétudes : avoir confiance
dans la science de demain qui saura tout réparer, tout colmater, tout surmonter.
Mais des travaux menés en littérature, ou en philosophie, que faire ? Convient-il
de s’adresser aux seuls lecteurs formés et informés ? La psychologie se réduit-
elle à des articles de magazine qui développent plus les stéréotypes attendus
qu’une enquête fine et précise ? La sociologie se com prend-elle comme une
série de grilles qui imposent leur vérité par les chiffres ? Évidemment pas.
La Maison des Sciences de l’Homme Lorraine encourage depuis dix ans des
projets menés dans ces domaines, et si elle croit fondamentalement dans les
buts poursuivis, elle se rend évidemment compte de l’étroitesse de la sphère
atteinte par ces spéculations.
Aujourd’hui, rompant avec cette démarche qui va du spécialiste à l’autre
spécialiste, elle invente un modèle de livre qui n’a pas son équivalent dans
le domaine universitaire : les chercheur.e.s rencontré.e.s individuellement ou
collectivement se racontent, racontent leur quotidien, expliquent leur objet en
termes clairs, se révèlent tandis qu’ils ou elles sont ordinairement caché.e.s.
Ils se révèlent et sont révélé.e.s tout aussi bien, puisque c’est l’extraordinaire
mérite de Sébastien di Silvestro d’avoir su capter tant leur regard, leur attitude,
que leur voix dans ce qu’elle a d’unique et de subjectif loin de la neutralité qui
expose publiquement ses raisonnements et ses hypothèses.
Aujourd’hui donc, entre le noir et le blanc, est donnée à voir la véritable
coloration, celle de la passion et de l’engagement, la recherche parle, vous
parle et l’on n’en revient pas de son intensité et de sa beauté.»
Sylvie CAMET