Pont-Sainte-Maxence

Pont-Sainte-Maxence 11/10/2024

La gare, un parc de stationnement séparé par une méchante grille, des centaines de voitures attendant le retour de leur propriétaire, ce soir, vers dix-huit heures, la journée de travail parisienne terminée, le train avalé, le devoir accompli, quelques kilomètres à parcourir avant de s’effondrer devant le dîner. J’échappe à ce rythme, j’ai donné mes quarante ans de servitude. J’échappe à cette sauvagerie, je suis là pour un château.

On est si près de la capitale que toute la nature en a été dévorée, dès que surgit un bois, surgit derrière un centre commercial, dès que se donne un paysage bucolique, s’annonce un bâtiment industriel. Le parc du château, se chiffrant en hectares, cerné de poteaux et de fer, délimite le périmètre des nantis. Dans cet îlot oublieux des RER et des travailleurs immigrés, on vit en éteignant la radio, le bulletin des informations, les journaux, et même les faits divers chez la boulangère, on survit dans un coma artificiel. Les six mètres de hauteur sous plafond, les boiseries des murs, les festons de pierre ont le don de vous hisser fortuitement vers un palier de la hiérarchie ignoré jusqu’alors, vos fenêtres s’ouvrent sur deux lions sculptés qui symbolisent magnifiquement votre illusion royale. Les seuls visiteurs qui perturberaient votre vue sur la pelouse et les arbres sont des sangliers ou des daims, des lapins, audacieux témoignages de ce que fut la forêt avant qu’au lacis des branches ne soit substitué le lacis des routes.