Landévennec

Landévennec 05/08/2025

Il semble que plus les locations saisonnières sont bon marché, plus nombreuses soient les préconisations ; je lis qu’il ne faut pas chanter sous la douche (il pleut assez en Bretagne), qu’il ne faut pas téléphoner assis sur les toilettes, et bien sûr qu’il faut laver et ranger sa tasse, mettre les draps dans le panier en partant, et s’éclipser avant dix heures. Mon expérience récente des chambres de passage, choisies peu chères parce qu’elles sont juste l’occasion d’assister à un salon littéraire où je ne vendrai rien, où tous les frais seront pour moi, cette expérience m’a fait mesurer les différents abus du genre.

À Quimper une femme me fait dormir dans un lit dont elle n’a pas changé les draps depuis un bon moment, l’oreiller est tout fripé et sent tellement mauvais que je suis obligée d’étaler dessus ma chemise pour pouvoir respirer. J’ai appris depuis que le lavage du linge n’est pas seulement l’expression de la propreté, mais qu’il s’agit d’une obligation légale pour les logeurs, c’est-à-dire que cette chambre devrait tout bonnement être autoritairement fermée. À Quimper, je fais une autre découverte singulière, celle d’un appartement, au demeurant convenablement aménagé, mais situé directement au-dessus d’un kebab. La chose, simplement écrite, paraît évidemment fort bénigne, mais c’est sans mesurer à quel point l’odeur de la graisse et de la viande fondue imprègnent l’atmosphère. On se couche et l’on ne peut tout simplement pas dormir tant l’air est corrompu. Lorsque je suis rentrée chez moi, j’ai enfilé le lendemain un vêtement sorti de ma valise, pour m’apercevoir que, quoiqu’intact, il n’était plus portable, tout le contenu de mon bagage est passé directement à la machine.

La Rochelle fut une autre déconvenue : j’entre dans le studio, directement contre le convertible déplié, il occupe tout l’espace, et (comme il est cassé), ne reviendra pas à sa position de salon. En outre, on se lave les mains dans l’évier. Il fait terriblement chaud dans ce réduit sans soin ni goût, mais ouvrir la fenêtre c’est profiter la nuit durant des rires, des bavardages, des cris des passants déambulant de bar en bar.

En soi, ces désagréments sont bien relatifs et parlent simplement du voyage, mais ce qui me dérange beaucoup plus, et c’est par quoi j’ai commencé, tient aux infinies préconisations. Louer chez soi par besoin se comprend volontiers, mais devenir plus rigide que les professionnels de l’hôtellerie, facturant des frais de ménage tout en précisant de déposer les poubelles dehors, d’ôter les draps et de ranger la vaisselle, imposer des horaires draconiens, envoyer des messages préenregistrés sans chercher un instant à établir un contact personnel, afficher partout des interdits, c’est ce contre quoi j’achoppe vraiment. Certes, l’affaire s’est réduite à un « business » qui n’a plus rien à voir avec l’échange international censément bienvenu, ces chaleureuses rencontres qui tisseraient des liens entre les gens du monde. En conséquence, puisqu’on tient le langage du business, je ne suis plus une voyageuse, je suis une cliente, rien qu’une cliente : je suis donc fondée à médire.