
Morlaix, 14/03/2025
Il n’était pas cinq heures que je guettais la lune de sang. Je suis allée sur le balcon, elle ne se trouvait ni à l’ouest, ni au sud. Je me suis penchée par la fenêtre de la chambre, elle n’était ni au nord, ni à l’est. Je me suis rendue sur internet où des Bretons avec leur télescope montraient une petite boule insignifiante et blanchâtre sur le fond de l’écran. Tous les quarts d’heure, je suis ressortie sans jamais apercevoir la moindre lune, peu importe la couleur qu’on voulût lui prêter. Le ciel d’abord opaque s’est éclairé peu à peu, laissant filtrer le jour, la grisaille d’un matin brumeux s’est déclarée à sept heures, et j’ai deviné que derrière la couverture de nuages le spectacle inaccoutumé s’était dérobé.
L’éclipse s’était éclipsée.
Par le balcon, j’ai déjà vu des crimes de sang, ce dont je me serais passée volontiers, et voilà que le rouge de l’astre, ce rouge désirable, désiré, prodigieux, ne viendrait pas à moi, ne se déploierait pas, effaçant un instant les traces indéfendables de pourpres combats humains.