Nancy

Nancy, 25/11/2024

Au 6 décembre, il faut manger des friandises, de celles qui s’assortissent depuis toujours avec la Saint-Nicolas, du Stollen, du pain d’épice en forme d’âne ou d’évêque coiffé d’une mitre et agrippant sa crosse, des clémentines et des noisettes. Mais ce ne sont que de menus plaisirs, pour ainsi dire vertueux, les seuls, les vrais sont ceux des paniers pour enfants contenant des pâtes de fruit, des bâtonnets de fraise gélifiée, allègrement colorée de rouge et saupoudrée de sucre, ornés d’une bague dorée. Des guimauves aux parfums artificiels, bleutés, roses ou jaune citron. Des oursons coulés dans du chocolat au lait contenant plus de graisse que de cacao. Cette confiserie de foire admirablement chimique constitue la splendeur de la fête et le plus intense du souvenir. Alors, me rendre en Lorraine à quelques jours de cette célébration suppose d’errer devant les baraquements du marché hivernal, à humer les senteurs de vin chaud, repérant de l’œil les sujets les plus voyamment décorés.

Cette enfant-là, je l’avais été, guettant l’arrivée du colis grand-maternel, avec son lot de bonbons sitôt volatilisés. Ce n’était pourtant pas la fillette que l’on interrogerait ce soir, mais l’auteure de livres auxquels n’avaient été appliqués ni glaçage blanc, ni vermicelles fondants, ni paillettes arc-en-ciel, des livres qui ne se dévoraient pas, ne s’avalaient pas en veilles gloutonnes, mais semblaient aussi indigestes que les quarante couplets chantés en la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, lors de la procession aux flambeaux.