Noves, 14/11/2024
En 1807, tandis que les habitants se retranchaient derrière l’austère façade, les fenêtres aux grilles de fer forgé de leur hôtel, les mêmes s’échappaient en image vers de lointains lointains. La manufacture Zuber leur avait confectionné sur des pans de mur des papiers aux dessins et aux couleurs de l’Hindoustan. Chameliers, feuillages exubérants, chaleur jaune du grand soleil, statue d’un bœuf divinisé, guerriers armés et esclaves aux culottes rouges, tout le langage de la colonisation s’exprimait là. Et dans ce temps où la Provence passait successivement sous l’égide du Piémont ou de Nice, les conflits des Anglais avec les peuples de l’Inde pouvaient appartenir à un aimable folklore. Aujourd’hui l’on ne touche plus à ces décors dont le statut fait l’objet d’un large processus de conservation historique. Ainsi, aurais-je vécu en cet orient mythique, mélange de lascivité et de menace et me serais-je demandé sans cesse à la lecture de ces conflits distants quel conflit présent sous mes yeux ils m’empêchaient de voir.