Pau

Pau 23/10/2024

Par une espèce d’attente un peu convenue, l’installation en province, par opposition à Paris, réclame de l’espace, afin d’échapper aux années de mètres carrés chichement comptés, et de la verdure, dans l’idée d’une plus libre respiration. Je vais répétant que par-delà l’appartement il faudrait une terrasse, un dégagement extérieur où lire un livre au vent, où convier des invités sur un banc agitant des glaçons dans un verre. Devant la maison que je découvre s’élancent quatre palmiers, j’apprends que leur nombre a été réduit, afin de ne pas obstruer trop considérablement les fenêtres de l’immeuble, que chaque année il convient de les déplumer un peu, pour que filtre le jour. Dans la chambre de location, toute petite et encaissée, j’observe non sans surprise un mur décoré de feuilles et de fleurs de plastique à profusion. Il n’y a pas que les entreprises qui verdissent leur communication afin d’apparaître vertueuses, l’image de la végétation se substitue insidieusement à la végétation elle-même dans un grand nombre d’esprits. Et pour ce simulacre, du pétrole et du pétrole, des mètres carrés d’une matière indestructible et pourtant périssable puisqu’insensiblement elle perdra ses couleurs, se ternira de poussière, se décomposera morceau à morceau. Je retiens cette étrangeté d’une petite cour où les arbres sont tenus comme étant des gêneurs, d’un studio où l’on invite volontiers leur ersatz.